Au sein de l’infrastructure de recherche Epos-France et de son Action transverse thématique sismicité, l’axe 3 “macrosismique, sismicité historique et contemporaine” comprend toutes les activités autour de l’acquisition, de la gestion des données macrosismiques et de l’évaluation des intensités. Il s’intéresse entre autre à d’anciens séismes pour lesquels les données instrumentales manquent. Voici un exemple du travail effectué.

Le séisme de l’Ubaye de 1959

Le 16 mai 2023 un séisme de magnitude 3.6 s’est produit dans les Alpes, près de la ville de Saint-Paul-en-Ubaye. Localisé, selon les sources, entre 2 et 3 km de profondeur, il a été ressenti jusqu’à Barcelonnette, Embrun et dans le Queyras, avec une intensité macrosismique maximale de IV (sur une échelle de XII). Le 5 avril 1959, un séisme de forte intensité s’était déjà produit dans les Alpes près de Saint-Paul-en-Ubaye. Ce séisme avait été ressenti de Toulon à Chambéry et jusqu’à Digne-les-Bains et en Italie (des témoignages dans la province frontalière de Cueno en attestent). Les intensités les plus importantes (VII-VIII) étaient concentrées dans un rayon de 2 km autour de l’épicentre donné par SisFrance. Des intensités VII étaient observées à une dizaine de kilomètres de l’épicentre.

Deux enfants avaient été blessés par des chutes de tuiles ou de cloisons et les dégâts ont été chiffrés à 200 millions de francs, soit environ 368 millions d’euros aujourd’hui. Il s’agit d’un des séismes les plus importants du secteur, avec le séisme d’Embrun (1936), qui a eu lieu une dizaine de kilomètres au Nord-Ouest. Ce fut également le plus important en France métropolitaine après le séisme de Lambesc en 1909.

La magnitude M a été évaluée entre 5,25 et 5,5. Il n’existe pas de profondeur instrumentale (mesurée par les instruments) fiable pour ce séisme. L’estimation de la profondeur à partir du champ des intensités macrosismiques nécessite une bonne connaissance de la décroissance de l’intensité en zone épicentrale (dans un rayon de 20 km). Cependant, en raison de la présence de massifs montagneux inhabités dans ce périmètre, les témoignages manquent. La profondeur macrosismique, estimée à 7 km, est probablement mal contrainte pour ce séisme de 1959, probablement plus superficiel.

Trois répliques de ce séisme ont été ressenties dans la région en avril 1959, puis trois en juillet, dont un près de Saint-Paul-en-Ubaye. Les deux autres ont été ressenti uniquement à Embrun (19 juillet 1959) et à Barcelonnette (17 juillet 1959), ce qui rend leur localisation très incertaine.

Dans un rayon de 20 km autour de l’épicentre des séismes du 5 avril 1959 et du 16 mai 2023, le plus ancien séisme connu date de 1844 (ressenti uniquement à Barcelonnette). Il est cependant fort probable que des séismes forts se soient produits dans le passé dans cette région rattachée entre 1416 et 1713 au Duché de Savoie, dont les archives sont conservées à Turin. Une exploration de ces archives pourrait permettre de compléter nos connaissances historiques sur la région.

En savoir plus

Champ macrosismique du séisme du 5 avril 1959 de Saint-Paul-en-Ubaye © Epos-France

Champ macrosismique du séisme du 5 avril 1959 de Saint-Paul-en-Ubaye © Epos-France

Zoom sur la zone épicentrale du champ macrosismique du séisme du 5 avril 1959,<br />
de Saint-Paul-en-Ubaye © Epos-France

Zoom sur la zone épicentrale du champ macrosismique du séisme du 5 avril 1959 de Saint-Paul-en-Ubaye © Epos-France