Le séisme de La Laigne a secoué la Charente maritime le 16 juin dernier. Si sa magnitude est relativement modeste (Mw 5), des dégâts considérables sont à déplorer dans les communes proches de l’épicentre. La communauté scientifique s’est rapidement mobilisée pour mieux comprendre l’événement, avec le déploiement sur le terrain d’instrumentation géophysique.

Lors du séisme du Teil en Ardèche le 11 novembre 2019 (Mw 4.9) plus superficiel, la cartographie rapide de la déformation de surface par interférométrie radar (InSAR) avait permis d’identifier la faille responsable de la rupture et d’analyser finement le glissement jusqu’en surface. Les premières images satellitaire de la déformation dans la zone de La Laigne sont dominés par des perturbations atmosphériques et ne montrent pas de rupture de surface, ni de déformation claire, alors que les modèles théoriques prédisent quelques centimètres de déplacement horizontal et vertical en zone épicentrale. De leurs côtés, les réseaux de stations GNSS permanents qui maillent le territoire national (Rénag, RGP, Centipède, Teria, Orphéon, etc) ne disposent pas de stations à moins de 12 km de l’épicentre. Les premiers traitements réalisés par la communauté académique ne montrent pas de déplacements significatifs à ces distances.

Les réseaux de marqueurs historiques de l’IGN, dont la position et l’altitude sont mesurées lors de campagnes régulières, sont en revanche très denses dans la zone et pourraient avoir été déformés par le séisme. Après coordination entre les équipes du service de géodésie et de métrologie de l’IGN et les équipes scientifiques du Rénag, deux missions de mesures se sont déroulées pendant l’été. D’une part, les équipes de l’IGN ont remesuré la position verticale (nivellement) d’un ensemble de marqueurs situés au cœur du village de La Laigne, et d’autre part, trois équipes de scientifiques du LiENSs ont remesuré la position d’une quinzaine de marqueurs du réseau dit de détail à l’aide de positionnement cinématique temps réel (RTK) dans l’optique d’extraire le déplacement associé au séisme. Il reste difficile de mesurer des déplacements centimétriques à partir des réseaux géodésiques anciens compte tenu de leur imprécision. Les mesures denivellement devrait permettre de les révéler ; d’autres mesures devraient avoir lieu prochainement. Le nivellement devrait permettre de les révéler ; d’autres mesures devraient avoir lieu prochainement.

Le séisme de La Laigne est un cas d’étude intéressant pour tester ce genre d’approche dans un contexte de faible déformation et d’activité sismique modérée. La collaboration mise en place entre la communauté académique et les équipes de l’IGN nous permettra de réagir rapidement lors des futures crises sismiques et d’adapter les plans de mesures présismiques.

En savoir plus

Carte de la répartition des stations permanentes GNSS des réseaux académiques et privés opérationnelles au moment du séisme. Les cercles représentent les isodistances par rapport aux épicentres calculés du séisme.

Carte de la répartition des stations permanentes GNSS des réseaux académiques et privés opérationnelles au moment du séisme. Les cercles représentent les isodistances par rapport aux épicentres calculés du séisme.

Mesure du triplet de nivellement de La Laigne par les équipe du SGM de l’IGN à l’été 2023.

Mesure du triplet de nivellement de La Laigne par les équipe du SGM de l’IGN à l’été 2023. Crédits (pdf) 

Mesure RTK de la position d’une borne du réseau RDF de l’IGN dans la zone de La Laigne par les équipes du LiENS en juillet 2023. Crédit Médéric Gravelle

Mesure RTK de la position d’une borne du réseau RDF de l’IGN dans la zone de La Laigne par les équipes du LiENS en juillet 2023. Crédits : Médéric Gravelle