Un tremblement de terre a secoué la Charente Maritime, les Deux Sèvres et la Vendée en fin d’après-midi le vendredi 16 juin à 18h38 heure locale. Il s’est produit à environ 25 km au  sud-ouest de Niort et à 14 km au nord/nord-ouest de Surgères, à proximité de La Laigne. La magnitude est évaluée entre 4.8 et 4.9 (1).  Une réplique de magnitude 4 (1) est enregistrée à 4h27 le lendemain. Les deux hypocentres sont localisés à faible profondeur (3km pour le premier, 1km pour le second). De nombreuses répliques de plus faible magnitude sont enregistrées durant les 24h suivant l’événement principal.

La Cellule post-sismique nationale est activée.

Une première analyse géologique permet de déterminer que les épicentres/hypocentres du choc principal du 16 juin à 18h38 et de sa réplique principale le 17 juin à 04h27 sont localisés dans une zone constituée par des couches sédimentaires d’âge mésozoïque épaisses de quelques centaines de mètres qui reposent sur les roches du socle hercynien visible dans le Massif Armoricain. Cette zone correspond à la marge armoricaine du bassin Aquitain. La faille la plus proche du séisme recensée dans la base de données des failles potentiellement capables de produire un séisme (BDFA) est localisée à environ 20 km vers le Nord-Est (Faille de Saint Maixent l’école). Les terrains les plus récents affectés par cette faille sont d’âge Pliocène (entre 5,3 et 2,5 millions d’années), ce qui atteste d’une activité contemporaine ou postérieure au dépôt de ces terrains. Ces failles restent toutefois mal connues pour ce qui concerne leur activité néotectonique.

La région épicentrale est par ailleurs localisée au sud du Marais poitevin, une des plus grandes zones humides du pays, avec potentiellement des « alluvions » plus ou moins épais et meubles qui ont localement pu amplifier le mouvement du sol en surface.

Grâce au déploiement des réseaux instrumentaux permanents cette dernière décennie dans le cadre de Résif, des stations GNSS et sismologiques (voir la carte des stations) ont pu enregistrer les premières informations indispensables à la compréhension des phénomènes en cours. Les équipes de la communauté Résif, en particulier celle de l’Observatoire des sciences de l’Univers de Nantes, ont réagi immédiatement pour installer dès le 17 juin des sismomètres supplémentaires – douze accéléromètres et un géophone (2) vertical – afin de recueillir le maximum de données sur les répliques. Ils prennent ensuite la route direction Grenoble pour récupérer à mi-chemin 5 stations post-sismiques et 20 stations sismologiques légères (nodes) du parc national Sismob hébergé à l’OSUG. L’OSU de Strasbourg (EOST) prépare de son côté une cinquantaine de nodes de son parc propre qui seront acheminées le 20 juin, tout comme le CEA, avec une quarantaine de nodes à déployer dans la région.

Carte_installation_stations_180623 : Carte des stations installées après le séisme du 16 juin 2023 dans l'Ouest de la France par l'équipe nantaise depuis le 17/06/23 avec les répliques

Carte des stations installées à partir du 17 juin suite au séisme du 16 juin 2023 dans l’Ouest de la France par l’équipe nantaise (avec les répliques)  © C. Perrin, E. Beucler, M. Bonnin, M. Alloncle, D. Fligiel, C. Hourcade (LPG Nantes)

Installation de nodes par l'équipe de l'Osuna © Eric Beucler

Installation de nodes sur zone par l’équipe de l’Osuna © Eric Beucler

Durant le week-end, de nombreux scientifiques (CNRS, universités, CEA, IRSN) ont travaillé pour mieux comprendre les processus en jeu. Pour les sismologues, il s’agit de déterminer des paramètres liés à la source sismique, tels que la localisation hypocentrale, la magnitude, la taille et le mécanisme de la rupture, ainsi que des éléments caractérisant le mouvement du sol, tels que l’intensité macrosismique et l’accélération maximale.

Dans le cadre du Service National d’Observation ISDeform (imagerie satellitaire), la préparation pour une analyse des déformations du sol par interférométrie radar satellitaire InSAR (3) est faite. Celle-ci permettra de réaliser rapidement des mesures (interférogrammes) dès que les premières images du satellite Sentinel-1a après le séisme auront été acquises sur la zone épicentrale et mise à disposition des scientifiques (à partir du mercredi 21 juin). Les séries temporelles journalières et haute fréquence issues des réseaux GNSS sont en cours d’analyse également par le SNO Rénag pour estimer le champ de déplacement statique associé au séisme et pour déterminer la pertinence de mesures complémentaires dans la zone.

Le Groupe d’intervention macrosismique coordonné par le BCSF-Rénass se rendra sur place. Onze personnes seront engagées (IRSN, Observatoires Midi Pyrénées, Grenoble, et Strasbourg) et deux observateurs (CEA et EDF) à partir du mardi 20 pour évaluer les Intensités macrosismiques dans les communes affectées par des dommages significatifs.  Cette étude est basée sur les effets du séisme sur les bâtiments (selon leur vulnérabilité), sur les objets et sur les personnes. Ces résultats (4) seront notamment utilisés par la commission interministérielle dans la procédure de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle.

Les scientifiques sont également largement sollicités par les médias (par exemple, la personne d’astreinte au BCSF-Rénass à Strasbourg a répondu à une quinzaine d’appels durant les 48 h qui ont suivi le premier séisme).

Le travail de collecte et d’analyse des données se poursuit durant la semaine.

Notes

  • 1- Magnitude de moment (Mw). La magnitude locale (Ml) a été estimée à 5.3 selon le BCSF-Rénass et à 5.8 par le CEA-LDG. Cette magnitude locale (Ml) est utilisée pour l’alerte et mesurée à haute fréquence. Elle est plus sensible à la nature des roches traversées par les ondes. La magnitude de moment (Mw) est mesurée à plus basse fréquence. Elle est plus stable et c’est une valeur de référence pour l’estimation de la dimension de la rupture sur la faille. En savoir plus
  • 2- Géophone : capteur permettant l’enregistrement et/ou la mesure du vecteur vitesse des vibrations sismiques au travers du sol.
  • 3- InSAREn savoir plus
  • 4- Intensités EMS98 – En savoir plus

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