Il y a un an, le séisme du Teil du 11 novembre 2019, de magnitude Mw 4.9, faisait trembler l’Ardèche et endommageait fortement la région épicentrale avec une intensité EMS98 évaluée à VIII, provoquant de très gros dégâts estimés à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Passée la première effervescence médiatique, après notamment la publication d’un rapport d’expertise réalisée à la demande du CNRS, les scientifiques ont pu s’atteler à l’analyse détaillée de ce séisme aux caractéristiques inédites dans le paysage sismotectonique français, avec une profondeur superficielle de l’ordre de 1 km, très peu de répliques, des accélérations du sol qui ont dépassé la valeur de g, et une rupture de surface de 5km le long de laquelle le sol s’est déplacé en moyenne de 10 cm en raccourcissement.

Réactivation de la faille de la Rouvière

Les analyses ont montré que la rupture de surface est associée à la réactivation de la faille de la Rouvière – une faille héritée de la phase d’extension Oligocène qui n’était pas cartographiée comme active jusque-là. Une question importante soulevée dans un article paru dans Communication Earth & Environnement (Nature) est celle du risque de rupture de surface sur d’autres failles du réseau cévenol, ainsi que sur d’autres réseaux de failles en France métropolitaine qui n’auraient pas été cartographiées comme actives, à l’instar de la faille de la Rouvière. Une autre question importante également soulevée par cette étude est de savoir si la faille de la Rouvière était réactivée pour la première fois depuis l’Oligocène ou si elle avait déjà rompu la surface au cours de précédants paléoséismes, sans que ces ruptures aient pu être décelées en surface du fait de la rareté de ce type d’évènement et de l’érosion.

Des investigations paléosismologiques depuis juin 2020

Pour répondre aux questions qui se posent, des investigations paléosismologiques, soutenues notamment par un financement du programme Insu-Tellus, ont été lancées depuis le mois de Juin 2020 sur l’ensemble du réseau nord-est cévenol. Une quinzaine de tranchées ont d’ores et déjà pu être réalisées au niveau de la section nord de la faille de la Rouvière (celle qui a rompu lors du séisme du Teil) et les résultats préliminaires suggèrent que celle-ci aurait effectivement rompu la surface au moins une fois avant 2019 dans une période de temps allant de la fin du Pléistocène à la période historique. Les données récoltées sont encore en cours d’analyse et viendront préciser ces résultats préliminaires.

Investigations géophysiques cet automne

En ce qui concerne l’analyse des mouvements forts, des campagnes d’investigation géophysique ont été conduites à l’automne 2020. Ces investigations aideront à comprendre la distribution spatiale des dégâts dans les villages du Teil et de St Thomé. Elles permettront également d’affiner les prédictions numériques du mouvement fort lors du séisme du Teil et des dommages subis dans certains bâtiments historiques instrumentés après le séisme. Ces imageries de proche surface permettront également de raffiner le modèle géologique 3D en cours de construction par l’ENS de Lyon.

En savoir plus

Retrouvez l’intégralité de cet article dans la Lettre d’information Résif n°18 de décembre 2020.

 

 

L'une des tranchées creusées sur la section nord de la faille de la Rouvière. La bande blanche verticale pourrait être une trace d’une activité sismique antérieure. Crédits : J.F. Ritz

L’une des tranchées creusées sur la section nord de la faille de la Rouvière. La bande blanche verticale pourrait être une trace d’une activité sismique antérieure © J.F. Ritz, Géosciences Montpellier. En savoir plus.